La Boîte à rires

Pascale Dehoux

Pascale Dehoux

On rit avec la gorge, c'est vrai. Mais on ne sait pas vraiment d'où vient le rire.
Moi, je pense que tout au fond de notre ventre, au chaud et bien cachée, il y a une boîte à rire. C'est là que sont entreposées des dizaines de poilades. Les gens qui ont un gros ventre ont aussi une grosse boîte à rires. Ceux qui ont un petit ventre n'ont que deux ou trois rigolades d'avance. Enfin, les personnes qui ont un ventre tout plat ont moins de souffle pour s'esclaffer. Ils sont secs et ne se fendent jamais la poire.

Le rire c'est comme une toux joyeuse. Ça remonte brusquement de la bedaine et ça sort par la bouche en petites saccades. La différence, c'est que le rire n'est pas une maladie.

Est-ce que les fourmis rient ? Sûrement, mais on ne peut pas les entendre parce qu'elles ont un rire à leur taille, un rire minuscule. Je suis sûre que lorsqu'une fourmi s'esclaffe, elle fait tellement de bruit pour les pucerons qu'ils se bouchent les oreilles. Quand un éléphant rit, on dit qu'il barrit, à cause du son extraordinaire qu'il produit alors.

On rit toujours en voyelles : hi-hi, ho-ho, ha-ha. On ne peut absolument pas rire en consonnes : md-md, xw-xw, pz-pz... ça n'existe pas.

Plus on rit, plus notre boîte à rire se remplit. Quand on se marre à plusieurs, on récolte aussi les rires des autres et ça enrichit notre « rirothèque ». La rirothèque c'est une bibliothèque de blagues que l'on peut stocker dans le cerveau. Il y a des gens dont le corps est entièrement envahi d'hilarité. Ils sont alors obligés d'exercer le métier de clown. Ils vident ainsi régulièrement leur trop-plein de joie tout en faisant rigoler le public.

Le plus drôle dans l'histoire c'est qu'en riant, on peut se tordre, se fendre, se gondoler, se tire-bouchonner et exploser sans se faire le moindre mal.

Et le plus dingue, c'est qu'on peut mourir de rire autant de fois qu'on veut.

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Image de La Boîte à rires
Illustration : Pablo Vasquez

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